Parfois, un artiste fait ce qu’il veut. Dans l’histoire de la musique, cela donne des albums solos venant après une vie de groupe, des échappées acoustiques, des expériences autarciques, des moments d’apesanteur. Chez Christine Salem, c’est Larg pa lo kor.
« J’avais envie d’aller au bout de mes envies », avoue-t-elle avec une limpide sincérité. Cette envie de ses envies, c’était par exemple de composer à la guitare ou au piano, d’aller vers le blues, la chanson, la parole, la mélodie, l’harmonie. De laisser derrière elle toute habitude, tout devoir, toute obligation.
Pourtant, elle est une des voix les plus reconnues du maloya de la Réunion, une musicienne qui souligne avec une vigueur saisissante les racines malgaches ou comoriennes de sa culture. Et, pour son sixième album, elle a voulu travailler autrement. « Je n’ai pas de “vraie” formation musicale, je ne sais pas lire la musique, je joue d’oreille. Et, quand on reste dans la tradition, on respecte instinctivement un certain nombre de choses. »
Cela donne une musique à la fois enracinée et libre, aussi intérieure que généreuse. Une liberté tendue vers l’autre, une liberté de partage et de ferveur.
« Rare voix féminine du maloya, ce blues hérité des esclaves, elle en est aussi l’une des plus abruptes, par son timbre grave et androgyne, son flow ensorcelé et ses textes à l’amertume rageuse. » Télérama.