Les Correspondances de Manosque – Lire, c’est partir un peu

Rédigé le Mardi 2 Septembre 2014 à 14:51 | Lu 117 fois


Cet événement porte très bien son nom. Sensations locales à rayonnement national, mettant en valeur la culture littéraire du pays manosquin tout en invoquant les grands auteurs du monde entier à travers les lectures d’artistes de tous horizons, Les Correspondances font la part belle au voyage en 2014. Partir c’est mourir un peu, comme disait le poète Edmond Haraucourt. Cette année, du 24 au 28 septembre, la devise sera plutôt : lire, c’est partir un peu.


Le but du festival paraît évident : mettre en valeur la littérature. Mais la méthode est unique en son genre puisque la programmation confronte les auteurs à des exercices particuliers de lectures ou de performances pour faire partager des pépites littéraires, incite tous les visiteurs à prendre une plume dans les écritoires disséminées dans la ville, et fait se rencontrer la littérature et d’autres formes artistiques.

 

Cette année, les Correspondances vous invitent au voyage

 

L’édition 2014 fait ainsi la part belle non seulement à l’Afrique, mais voyage dans le monde entier et notamment au Mexique, au Vietnam, en Algérie, aux États-Unis, dans les quatre coins de la France, etc. La page se tourne sur l’été, mais les ailes qui nous poussent à l’évocation de vacances et de voyages sont encore un peu là. On peut donc en profiter pour écrire quelques cartes postales dans les écritoires et les adresser à Tatie Jacqueline et les autres qu’on aura oubliés dans nos cartes souvenirs de vacances. Elles arriveront peut-être dans des boîtes aux lettres customisées pour l’occasion, puisque le festival organise un concours de décoration de boîtes aux lettres !

 

Rien de mieux que les vacances estivales pour voyager à travers les livres

 

Cela tombe bien, la plupart d’entre nous reviennent de vacances. Juillettistes ou aoûtiens, nous avons tous des récits d’ailleurs en tête, ou des anecdotes à raconter, qu’il s’agisse du trajet jusqu’à destination ou de nos impressions sur place.

La littérature peut se donner le rôle d’accompagnatrice dans ces voyages, en y apportant la profondeur nécessaire pour comprendre un autre pays. C’est ainsi que, si je me rends un jour en Irlande, c’est en ayant en tête l’intrigue du roman Les Fantômes de Belfast, de Stuart Neville. Le héros, sortant de prison après des abominations commises durant la guerre entre les loyalistes et les indépendantistes, tente de trouver la rédemption et c’est une nation aux cicatrices encore ouvertes, à la fin des années 1990, qu’on découvre avec effroi. Plonger dans l’histoire récente d’une destination comme l’Irlande est sans doute nécessaire.

De même que le livre événement de Timur Vermes, Il est de retour, propose un voyage à Berlin et un voyage presque temporel, puisqu’Hitler en personne se réveille frais comme un gardon dans les années 2000. La confrontation du passé, dont on condamne sans concession les protagonistes qui ont suivi le Führer, au présent, dans lequel une bonne partie du peuple allemand prend l’Hitler d’aujourd’hui pour un très bon imitateur et rit à ses conférences, est perturbante. Et visiter Berlin aujourd’hui, ville contrastée et marquée par l’histoire, permet de se rendre compte que ces épisodes très noirs ne sont pas si lointains.

Enfin, puisque l’Afrique est à l’honneur, je conseille fortement la lecture de Congo Inc., de l’auteur In Koli Jean Bofane, qui confronte avec humour et cruauté un Pygmée venant d’un village ancestral à la grande ville, la modernité informatique, la libéralisation économique et à la violence sans scrupule des puissants.

 

Visiter Le Royaume d’Emmanuel Carrère

 

Alors, je ne sais pas pour vous, mais moi, cette année, il y a au moins un nom qui me tape dans l’œil et c’est celui d’Emmanuel Carrère. Celui qui a remporté le prix Renaudot avec le roman Limonov, magnifique récit de la vie d’un héros (ou antihéros) dans la Russie contemporaine, revient avec une réflexion sur les débuts de la chrétienté, et nous en lira quelques extraits à l’occasion du festival.

 

 

« On laisse un peu de soi-même, en tout point et en tout lieu. »

Ce sont deux autres vers du poème d’Edmond Haraucourt. Gageons que les Correspondances sauront, encore une fois, faire écho à ce message et donner une image vivante de la littérature.


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Hélène Ladier