Quand les mains ont la parole…

Au cours de sa formation pour devenir interprète en langue des signes, Lorena Manuzzi a effectué un stage de deux mois au sein de l’URAPEDA PACA Corse (Union régionale d’associations de parents d’enfants déficients auditifs), qui possède une antenne à Manosque. Celle-ci a pour objectif l’accompagnement des personnes sourdes, enfants ou adultes, qui rencontrent des difficultés au cours de leur vie sociale, professionnelle ou financière, liées à leur handicap ou non.

Café Signes ? Kézako ?

C’est, avant tout, un moment de rencontre et de partage entre les personnes sourdes, malentendantes et entendantes. Toutes sont bienvenues. L’objectif est de briser les barrières, de sortir de l’isolement et du silence en communiquant en L.S.F. (langue des signes française). Il n’y a pas de thème de discussion prédéfini. Ce n’est pas non plus un cours ou une soirée jeux ! Apprendre à se connaître autour d’un verre et discuter, pour être sensibilisé à la L.S.F. dans un contexte convivial et informel. Les échanges varient énormément entre l’apprentissage de la L.S.F., la dactylologie (l’alphabet), les discussions simples… Ensuite, lorsque l’on a un meilleur niveau on peut discuter de la surdité, du monde des sourds. Car s’il n’existe pas de pays où l’on parle la langue des signes, il y a bel et bien une « culture sourde », c’est une réelle communauté.

Le défi de Lorena…

« J’ai assisté à plusieurs Cafés Signes à Aix-en-Provence,puis j’ai décidé d’en créer un à Manosque. Ce n’est pas si simple ! C’est pour cela que lors de mon stage à l’URAPEDA, j’ai proposé l’idée qui a été très bien accueillie. L’association m’a soutenue et permis d’établir la communication nécessaire. Puis, je suis allée démarcher les cafés. Le Miradora immédiatement accepté de nous accueillir, le patron étant très ouvert à ce type d’initiative. Située en plein cœur de ville, la brasserie est facile d’accès. Nous avons organisé plus en détail l’événement en donnant un rendez-vous régulier. Le Café Signes a lieu le premier jeudi de chaque mois à partir de 19 heures jusqu’à 22 heures environ. Le premier a eu lieu le jeudi 7 juin dernier avec une trentaine de personnes, bien réparties entre sourds et entendants, novices et confirmés.

Le but est la sensibilisation à la L.S.F,maisaussi la “sociabilisation” de certaines personnes sourdes qui n’ont pas l’occasion de rencontrer des entendants. La surdité est un handicap, elle est reconnue comme tel, mais il y a des choses à faire. Il s’agit d’un problème de communication entre des personnes qui ne parlent pas la même langue… Un certain nombre d’entendants sont très impliquéset intéressés par la L.S.F. La plupart des personnes sourdes sont très ouvertes pour partager leur langue.

Je suis effectivement à l’origine de ce rendez-vous à Manosque, mais sans le soutien de l’URAPEDA, j’aurais eu beaucoup plus de mal à le mettre en place et à le faire durer. Une représentante de l’association est toujours présente au Café Signes comme repère, et le sera même lorsque je ne serai plus en mesure d’y participer pendant la poursuite de mes études. »