« Comment en est-on arrivé là ?
— Si je savais ! »
Août 1914, quelques jours après le déclenchement de la Grande Guerre, cet échange éclair est tiré d’une conversation entre le comte Von Bülow, ancien chef du gouvernement allemand, et le chancelier Bethmann-Hollweg. Pour apporter sa pierre à l’édifice du centenaire de la guerre 14-18, la compagnie Cassandre a pris le parti d’en interroger les causes et les engrenages, d’en décrypter les mécanismes politiques, diplomatiques et militaires. Point de fatalité, Quatorzes’est mise en ordre de bataille pour repasser, parfois au ralenti, parfois en accéléré, le film des événements qui s’enchaîneront durant les trente-huit jours précédant la mobilisation générale.
Le soir du 13 avril au théâtre Durance, six acteurs interpréteront, tour à tour, une foultitude de personnages, des ambassadeurs, des monarques, des archiducs, des assassins, des généraux, des ministres, des syndicalistes, des politiques, des terroristes, des pacifistes, des va-t-en-guerre, des journalistes, des héros, des bientôt morts… Mais aussi des chevaux, des rats, des oies, des fleurs au fusil, des poltrons, des vaillants, des bouseux, des maréchaux des logis, des maréchaux de France, de noms de rues… Et encore des Belges, des Sénégalais, des Français, des Allemands, des Ottomans, des Austro-Hongrois, des Anglais, des Italiens, des Serbes, des Bosniaques, des Russes, des Américains, des Asiatiques, des Africains, des Européens, des Européens et encore des Européens, des humains, quoi !
Drôle, didactique et haletant
« Pendant très longtemps, on a scruté l’enchaînement des faits qui ont mené à la guerre pour conclure que, finalement, une fois le doigt mis dans un engrenage, il n’était plus possible d’arrêter, le corps de l’Europe y était passé tout entier par un simple effet mécanique […]Se réfugier derrière une explication mécanique, n’est-ce pas accepter une vision déterministe de l’histoire ? S’est-on assez demandé s’il n’y a pas eu une série de moments où le mécanisme aurait pu être bloqué ? N’a-t-on pas mis trop l’accent sur la fatalité et sur le destin, et pas assez sur chacun des instants où la volonté d’un homme ou d’un groupe d’hommes aurait pu faire basculer la machine dans le sens inverse ? »C’est en se ralliant à cette grande question soulevée par Jean-Jacques Becker, historien spécialiste de la Première Guerre mondiale, que s’est construit ce foisonnement théâtral.
Le sujet est grave, mais Cassandre ne s’en permet pas moins l’humour et la légèreté, pour nous servir un récit aussi drôle que didactique, sensible et parfaitement huilé, haletant, à la façon d’un roman policier.
Distribution
Texte : Vincent Fouquet ; mise en scène : Sébastien Valignat,assisté de Marijke Bedleem ; scénographie :Benjamin Lebreton ; jeu :Matthieu Grenier, Guillaume Motte, Charlotte Ramond, Alice Robert, Natalie Royer, et Tommy Luminet ou Jean-Philippe Salério ; scénographie : Bertrand Nodet ; lumière : Dominique Ryo ; son : Josef Bilek ; vidéo : Clément Fessy ; costumes : Clara Ognibene
Vendredi 13 avril à 21 heures. Durée : deux heures. À partir de quinze ans.
Quatorzeest la seconde création de la compagnie Cassandre, créée en 2010 par Sébastien Valignat. Sa première comédie documentée, T.I.N.A., There Is No Alternative, raconte la crise économique, des subprimesà nos jours. Une « désexpertise » pour donner à penser, sous forme théâtrale, l’économie contemporaine.
Infos : 04 92 64 27 34 – www.theatredurance.fr.