Un tour de France à vélo

Rédigé le Mercredi 16 Septembre 2015 à 13:02 | Lu 275 fois


En un an, Aurélien Chaméon a parcouru un tour de France à la force de ses jambes au guidon d’un vélo. Présentation de ce natif du département qui a choisi Sisteron comme ville de départ et d’arrivée.


M’I : Présente-nous ton aventure
AC : Mon aventure est un tour de France cycliste, en un an. Le fil directeur et l’originalité de ce projet sont de passer dans chaque département de France métropolitaine, Corse incluse, soit quatre-vingt-seize départements au total. Cela m’empêche ainsi de faire une sélection au préalable, en fonction de mes goûts, et c’est ce qui m’a permis d’avoir de bien belles surprises. Par exemple, les départements suivants : Aisne, Meuse, Orne, Creuse, Aveyron sont vraiment magnifiques, alors que ce ne sont pas les plus « connus » !

M’I : Pourquoi ce type de défi ?
AC : Encore plus que l’intérêt sportif, l’objectif était de sentir battre le pouls de la France, à travers ses habitants. En effet, dans le cadre de cette aventure humaine, j’ai pu rencontrer les personnes des différents terroirs, et m’intéresser aux zones traversées sous l’aspect historique, social, architectural, et culinaire essentiellement. C’est la première fois qu’une aventure de ce type, pluridisciplinaire, a été accomplie. Le dépaysement a été permanent, total, et ce, chaque jour, de par les personnes rencontrées, leurs expériences et leurs parcours de vies, les paysages, les sensations, les odeurs, les ressentis…

M’I : As-tu un passé de cycliste ?
AC : N’ayant absolument pas l’esprit compétition, je n’ai jamais fait de course cycliste. Je me considère comme un cyclotouriste régulier, parcourant environ sept mille kilomètres par an, sur une année « normale ». À partir de l’âge de quatorze ans, je me suis mis à faire du vélo de route. Mes aventures précédentes : en 2011, un tour de Drôme, sur une semaine ; en 2012, une boucle Drôme, Ardèche, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Cantal, Lozère, sur deux semaines ; en 2013, un périple sur trois semaines reliant tous les grands cols des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes.

M’I : Comment se présente la logistique ?
AC : Lors de mon aventure, j’étais seul. Ainsi, toutes mes affaires étaient embarquées dans une remorque en aluminium, l’Aevon Kit L80. Dès le départ, j’avais vingt-huit kilos de bagages dans ma remorque : un sac « affaires été », un sac « affaires intersaison », un sac « affaires hiver », une trousse de toilette, une trousse à outils, une trousse à pharmacie, une tablette avec clavier pour tenir mon blogue au jour le jour… Je ne portais rien sur moi, sur mon dos : tout était dans la remorque, ce qui me donnait une réelle liberté de mouvement. Je dormais dans les auberges de jeunesse, gîtes d’étape, et chez l’habitant lorsque l’on m’invitait.

M’I : Quel matériel as-tu utilisé ?
AC : Mon vélo est un Spécialized Secteur Élite Triple, en alu, de 2014, tandis que ma remorque est une Aevon Kit L80 Trailer, de 2014 également. Sur le vélo, j’ai changé les roues d’origine, bien trop lourdes et aux mauvais roulements, pour des American Classic 650. Après dix-huit mille kilomètres parcourus à ce jour, je suis entièrement satisfait par tout ce matériel. Les jantes sont excellentes, le vélo également (sa seule faiblesse : il faut souvent changer de câbles dérailleurs et plateaux, qui cèdent vite – cinq mille kilomètres – et le roulement de pédalier mort à huit mille kilomètres, étonnant). La remorque n’a pas bougé, excellent matériel, sauf pour le pneu polonais monté d’origine, performant, mais pas endurant du tout !

M’I : Que fais-tu dans la vie hormis traverser la France ?
AC : J’étais enseignant en lettres, histoire et géographie en collège puis en lycée, de 2008 jusqu’en juin 2014. Les semaines et les mois qui viennent seront bien riches, en effet mon temps sera partagé entre la promotion de mon livre, qui me portera aux quatre coins du pays ; un petit travail que je cherche actuellement, pour avoir une base (ce sera une sécurité, conscient du fait que je n’arriverai pas à vivre du livre !), et des allers-retours dans la Creuse, département dans lequel j’ai rencontré, lors de mon périple, celle qui allait devenir ma compagne ! Je vais donc prospecter dans la Creuse pour trouver un emploi, et ainsi m’y installer avec ma compagne (qui y vit), en toute sérénité !

M’I : Ton ou tes lieux et moments préférés dans ce parcours
AC : Lors de mon départ de Sisteron, le 7 juillet, il faisait trente-deux degrés. Le lendemain, le 8, j’ai franchi le col du Galibier par moins deux degrés, avec la neige ! C’est ce qui s’appelle « entrer dans le vif du sujet » dès le départ ! Ainsi, je suis passé en un jour d’une épaisseur d’habits, à six couches superposées. Certes, c’était un peu « galère », mais cela reste un souvenir exceptionnel !
— La route des vins, en Alsace, de Thann à Obernai, vraiment superbe au mois de septembre, en pleines vendanges.
— À partir de Calais, la route littorale Côte d’Opale–Côte picarde–Côte d’Albâtre–Côte fleurie–Côte de Nacre, qui mène jusqu’à Carentan, dans la Manche. Très peu de circulation, et la possibilité de longer les plages du Débarquement.
— Remonter la Loire, de Nantes à Nevers. Un superbe itinéraire, permettant de visiter les châteaux, en empruntant des petites routes et des pistes cyclables. Pour les vélos de route, hélas, certaines portions ne sont absolument pas goudronnées.
— Les grands cols des Hautes-Alpes et de l’Isère : le Lautaret, le Galibier, le Télégraphe, la Madeleine, la Croix-de-Fer ; selon les dates, ils sont fermés aux voitures, excellente initiative. Dans les Pyrénées, superbe, mais attention à l’état des routes, très mauvais. La Corse : idem !
— À partir du Mont-Saint-Michel : suivre le littoral avec les côtes d’Émeraude, de Penthièvre, du Galéo, de Granit rose, des Bruyères, puis Côte des Légendes, jusqu’à Brest.
— La boucle du triangle d’or du Périgord : Beynac–Castelnaud-la-Chapelle–Sarlat, un décor de conte de fées, et personne sur les routes
— Le canal du Midi, de Moissac à Agen, et de Toulouse à Castelnaudary ! Superbe !
— Pour les grimpeurs, quel que soit le grand massif : Alpes, Pyrénées, Jura, Vosges, Massif central et Corse, vous trouvez des routes sensationnelles. Je me suis aperçu que les cols les plus intéressants ne sont pas les plus connus, médiatisés ! Demandez aux cyclistes locaux, ils vous donneront « leurs » routes, et je n’ai jamais été déçu !
— Beaucoup moins connu : le chemin des églises fortifiées de Thiérache, entre l’Aisne et les Ardennes. Très intéressant sur le plan historique, et pour l’environnement : une nature pure, préservée.
— Le cap Corse, de Bastia à Saint-Florent, en suivant tout le long le littoral. Il n’y a absolument personne en mars, la végétation arrive, c’est superbe.
— Les vallées du Tarn et du Lot : une route minuscule, reprenant le tracé d’une ancienne voie ferrée, donc plein de tunnels, c’est vraiment à vivre !

M’I : Un moment inoubliable ?
AC : Le 3 janvier, j’étais dans la Creuse, dans un gîte de chambres d’hôtes. Je ne le savais pas encore, mais la propriétaire de l’établissement allait devenir ma compagne ! C’est, bien sûr, LE moment inoubliable de mon aventure. Cela montre ainsi que mon périple a, en ce sens, transformé, métamorphosé, ma vie. Maintenant, je souhaite construire ma vie dans la Creuse !

M’I : Le pire moment ?
AC : J’en parle, car en 365 jours il n’y en a eu qu’un seul ! C’est le seul problème physique de mon aventure. Lorsque j’étais dans les Cévennes, fin janvier, sous la neige : j’ai eu subitement très mal au dos, plus de souffle, et un rythme cardiaque élevé… Je suis allé aux urgences à Alès, le médecin redoutait une pneumonie ou un pneumothorax. Après une IRM et une radio des poumons, ce n’était en fait qu’une immense inflammation intercostale, des deux côtés, devant et derrière ! Rien de grave, trois jours de repos, des anti-inflammatoires, et je reprenais la route ! Ouf de soulagement !

M’I : As-tu un blogue, traitant de l’aventure ?
AC : Oui, deux :
— Sur Facebook : https://www.facebook.com/tourdefranceaurelienc.
— Sur Overblog : http://tourdefrance-aurelien-chameon.over-blog.com/.
Ils permettent de revivre l’aventure au jour le jour, étape par étape, soit près de 270. J’ai pris 25 000 photos lors de mon tour de France.

M’I : Le bilan global de ton aventure ?
AC : Que du positif, à cent pour cent ! J’ai pu parcourir les quatre-vingt-seize départements en un an, jour pour jour, soit 19 000 kilomètres. J’ai rencontré des personnes qui sont devenues des amis. J’ai vraiment profité au maximum de chaque jour d’aventure !

M’I : D’autres défis en tête ?
AC : Plus de défis sportifs sur un aussi long terme. Celui-ci est positif à cent pour cent, ainsi, je trouve que c’est très bien qu’il soit, et reste unique ! Non, la prochaine aventure, en rapport avec ce périple, sera la promotion de mon livre. Il s’intitulera Le Tour des départements de France à vélo, et sortira le 26 septembre prochain, aux éditions Ouest France. Le défi suivant, c’est l’aventure de ma vie : m’installer dans la Creuse avec la femme que j’aime !

Lu 275 fois
Léna Vata